Tuesday 14 November 2017

Une leçon d'humilité

Il y a 10 jours, j’étais dans la Péninsule Acadienne pour offrir mon support à mon père. Celui-ci se présentait comme candidat à l’investiture libérale dans la circonscription de Caraquet. À moins d’un an des élections provinciales, il était temps pour le parti d’élire le nouveau candidat qui remplacerait Hédard Albert qui prend sa retraite du monde politique. Le résultat n’a pas été celui que je souhaitais voir, et pourtant nous sommes heureux malgré tout et ça m’a ouvert les yeux sur une facette de ma personne. C’est d’ailleurs cet événement qui m’a donné le goût de réécrire ici. Voici pourquoi…

Tout d’abord, les faits : Mon père, Yvon Godin, 63 ans, se présentait comme candidat. Il emmenait avec lui un bagage impressionnant d’expérience et de connaissance qui aurait fait de lui un candidat de taille durant les prochaines élections. Son adversaire, Isabelle Thériault, 38 ans, a finalement remporté les grands honneurs. Elle avait une forte équipe derrière elle et a su rallier le vote de la jeunesse et de la population ancrée dans la culture. Elle est DG du festival acadien, artiste connue dans la région et saura sûrement apportée une perspective nouvelle au parti. Sommes toute, nous sommes heureux des résultats et reconnaissants envers toutes les personnes qui ont offert leur appui à mon père. 
Tout était tellement étrange... Tous ces gens qui criaient le nom de mon père avec les pancartes... Woh!
Voici où le sujet devient intéressant pour moi. Un jour, j’ai écrit un blogpost à propos de mes plus grandes peurs. L’une d’entre elle est le refus, et aujourd’hui, j’ajouterais par là-dessus le mot « échec ». J’ai tellement peur qu’on me dise « Non » ou de faillir à une tâche, qu’il m’arrive de me mettre moi-même des bâtons dans les roues plutôt que de foncer. Durant cette fin de semaine, je me suis rendue compte d’où me vient cette crainte : c’est de mon père! Mon père est ce genre de personne à qui on ne peut dire non. Une personne persévérante qui réussit tout ce qu’il entreprend. Je l’ai vu diriger des regroupement jeunesse en ayant sous sa tutelle des dizaines de milliers de subordonnées. Je l’ai vu obtenir la position de direction à mon école primaire sans même avoir son certificat d’aptitude à la direction. Je l’ai vu entré à la mairie de mon village dans une lutte chaude mais qu’il a tout de même remporté. Je l’ai vu s’acharner sur des projets pendant des mois pour enfin le voir vivre la satisfaction d’en faire l’annonce officielle au public. Je l’ai vu prendre tous ces risques et je ne l’ai JAMAIS vu échouer… Jusqu’à samedi dernier.

Imaginez un instant que c’est tout ce que vous connaissez. Imaginez un instant tenter de grandir dans l’ombre d’une personne comme mon père. Ce blocage que je ressens, c’est parce que je ne me suis jamais sentie à sa hauteur - Haha! Ben oui mon père fait 6’4’’, no pun intended! Le congrès à l’investiture a été une leçon d’humilité pour moi. Ça m’a appris que ce n’est pas vrai qu’on remportera tous les combats dans lesquels on va se lancer. Ça ne veut pas dire qu’ils ne valent pas la peine d’être faits, et surtout bien faits, pour autant. Mon père n’est pas parfait, loin de là. Il est vulnérable comme tout le monde et peut faire face à un non. Ce que j’ai appris ce jour-là, c’est comment il est important de garder la tête haute même dans l’échec.

Mon père et son équipe n’ont rien à se reprocher. Ils ont travaillé jours et nuits, littéralement, dans l’espoir de pouvoir rendre service à la communauté. Aujourd’hui, ils sont soulagés et contents de retourner à la routine. Mon père peut reprendre ses rôles de maire et de grand-père à plein temps. Il pourra continuer à travailler le bois, à se balader à moto et peut-être même en VR l’été prochain. Il sait que son été sera relax au lieu d’être une succession de présence à des événements en périodes électorales. Ma mère pourra prendre sa retraite et ils vont mener un petit train de vie tranquille plutôt que d’être en constant déplacement entre Bertrand et Fredericton. En fin de compte, mon père est en quelque sorte heureux de ne pas avoir à continuer sur ce chemin car, à 63 ans, il a bien droit à un break lui aussi à un moment donné.

Et moi, je suis heureuse d’avoir été témoin de cet événement. Je suis heureuse de comprendre d’où vient mes insécurités et de savoir que maintenant je pourrai mieux les combattre. Je suis fière d’où je suis, de ce que je fais et de comment je le fais. Si je me lance dans un projet, il me suffira d’y donner tout ce que j’aie pour qu’en fin de compte, que ce soit une réussite ou un échec, je sois satisfaite du travail accompli et puisse garder la tête haute.

Une petite step à la fois ;-p
Shotgun Godin

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